La Sécu va convoquer les patients, l’Agence européenne conseille toujours deux injections Le dernier bilan établi mercredi 21 octobre par le réseau Sentinelles montre que l’épidémie recule. Au total, la carte de France de la grippe apparaît moins homogène que la semaine d’avant : il y a davantage de régions épargnées, mais les zones rouges en pic épidémique sont plus nombreuses. Dans ce contexte, les pouvoirs publics insistent pour rappeler aux blouses blanches leur devoir de se faire vacciner. Et l’agence européenne du médicament maintient ses recommandations de deux injections. dossier Alerte Info Grippe A/H1N1 Le reflux de la première vague épidémique s’est accentué la semaine dernière. Selon le réseau Sentinelles, neuf régions avaient dépassé le seuil épidémique du 12 au 18 octobre, contre douze la semaine du 5 au 11 octobre et dix-sept lors de la semaine du 28 septembre au 4 octobre. Les syndromes grippaux vus en consultation de médecine générale ont été estimée à 159 cas pour 100 000 habitants et 100 000 nouveaux cas ont été observés. L’incidence reste néanmoins au-dessus du seuil (114 cas pour 100 000) en moyenne nationale. Et les incidences les plus élevées ont été notées en Nord-Pas-de-Calais (421 cas pour 100 000 habitants), Basse-Normandie (267), Ile-de-France (255) et Midi-Pyrénées (215). Si l’incidence est en baisse dans la première région, le nombre de cas augmente dans les trois autres. Au total, la carte de France de la grippe apparaît moins homogène que la semaine d’avant : il y a davantage de régions épargnées, mais les zones rouges en pic épidémique sont plus nombreuses. Un fichier des assurés prioritaires C’est dans ce contexte que la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1 a débuté mardi matin dans les établissements de santé de toute la France. Les premiers professionnels vaccinés sont les infirmiers et les médecins de néonatologie ou de réanimation pédiatrique. Cette campagne va ensuite se déployer progressivement dans plus de 3 000 établissements dans toute la France. Mais les médecins de ville, en particulier les généralistes devront attendre après les vacances de la Toussaint pour être vacciné à leur tour dans l es centres de vaccination comme la population générale. « Les généralistes sont dans la liste de priorité, ils arrivent immédiatement en seconde position » a répondu la ministre à la question de savoir pourquoi les libéraux ne sont pas vaccinés en même temps que leurs confrères hospitaliers. Les caisses d'assurance maladie vont pouvoir envoyer aux personnes prioritaires des lettres d'invitation à se faire vacciner contre la grippe H1N1 et des bons de vaccination après la parution d’un décret vendredi au Journal officiel.Après avis de la Commission nationale informatique et libertés (Cnil), la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) a en effet été autorisée à créer un traitement de données à caractère personnel sous l'intitulé "gestion et suivi des vaccinations contre la grippe A H1N1".La sécurité sociale identifiera les personnes prioritaires, selon le décret, en fonction de diverses données : liste des personnes atteintes d'une affection de longue durée, remboursement par l'assurance maladie de médicaments pour une maladie rendant particulièrement vulnérable à la grippe, existence d'une grossesse déclarée, présence d'un enfant de moins de 3 ans au foyer, âge de la personne et éventuel facteur de risque, profession (pour les professionnels de santé ou les personnels de secours). Mobilisation générale La ministre de la Santé, avant de vérifier l’opérationnalité du dispositif mis en place à l’hôpital Necker à Paris, s’est livré à un plaidoyer en faveur de la vaccination, à l’heure où plusieurs sondages auprès des professionnels de santé montrent que le monde médical ne semble pas encore tout à fait acquis à cette idée. « Je sais que les professionnels de santé seront au rendez-vous, je ne peux pas croire qu’il en soit autrement » a dit Roselyne Bachelot, en rappelant que près de 70% des généralistes s e font vacciner chaque année contre la grippe saisonnière, mais beaucoup moins d’hospitaliers. Le président de l’Ordre des médecins, Michel Legmann, lui a apporté son soutien .« Je tiendrai un discours de mobilisation, a-t-il déclaré à la presse mardi matin. Si la vaccination n’est pas obligatoire, le corps médical a des devoirs particuliers ». Outre, la nécessité de pouvoir tenir son poste, le Dr Odile Launay, directrice du Centre d’investigation clinique de vaccinologie Cochin-Pasteur, a également rappelé les nombreux avantage de la vaccination. « En se vaccinant, les professionnels protègent leur patients contre le virus, mais également eux-mêmes et leurs famillles, en particulier s’ils sont parents de jeunes enfants » a-t-elle plaidé. Les pouvoirs publics se sont en tout cas félicités que l’épidémie soit encore pour l’instant modérée. « Depuis trois semaines, l’épidémie est restée stable mais elle est tout de même bien-là, a rappelé Françoise Weber, la directrice de l’INVS. Le profil de l’épidémie est confirmé en particulier une mortalité supérieur à celle de la grippe saisonnière ». Le virus H1N1 a déjà causé 35 décès en France et on compte 189 cas pour 100 000 habitants par semaine. « Par définition, une campagne de vaccination est un acte de prévention qui doit se faire avant la vague épidémique, a souligné pour sa part, le directeur général de la Santé, le Pr Didier Houssin. Au départ, il était loin d’être certain que nous aurions les vaccins avant que l’épidémie commence. L’occasion se présente, c’est une chance à saisir ». Deux injections à trois semaines d’intervalle Le ministère de la Santé s’est par la même occasion défendu des accusations de précipitation dans la commande et la fabrication de vaccins. « Le processus d’évaluation n’a rien eu d ’expéditif, s’est défendu le directeur de l’Afssaps, Jean Marimbert. Le profil de tolérance est tout à fait comparable à celui des vaccins habituels. Le squalène n’inspire aucune inquiétude particulière ». Cette campagne de vaccination est aussi l’occasion d’une première dans le domaine de la pharmacovigilance. Les éventuels effets indésirables du vaccin pourront être rapportés en ligne, via un formulaire sur le site de l’Afssaps, par les médecins mais également par les patients. « Des événements indésirables se produiront forcément chez les personnes vaccinées, mais ils ne seront pas forcément liés au produit, a insisté Didier Houssin. Ce n’est pas parce que Ciceron va au forum, qu’il joue à la balle ». Les premiers professionnels vaccinés le seront avec le vaccin du laboratoire GSK, lequel est composé d’adjuvant. Pour sa part, l'agence européenne du médicament (EMEA) a déclaré vendredi 23 octobre qu'elle recommandait toujours que les trois vaccins contre la grippe A(H1N1) autorisés dans l'UE soient administrés en deux doses, bien que des données aient montré qu'une injection unique pourrait suffire pour deux des vaccins en question. Le comité d'experts de l'EMEA a donc décidé de maintenir la recommandation adoptée en septembre: les trois vaccins doivent être donnés de préférence en deux injections, avec au moins trois semaines d'intervalle. Toutefois, l'EMEA concède que "les données disponibles sur le Pandemrix et le Focetria indiquent qu'une seule dose pourrait suffire chez les adultes, mais elles sont trop limitées pour que le Comité puisse recommander l'usage général d'un programme de vaccination avec injection unique". Auteur : Philippe DA PRATO
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Mars 2011
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