La grande inconnue de la pandémie 2 009 La grippe A(H1N1)v en Afrique La grande inconnue de la pandémie 2 009 LA PANDÉMIE de grippe A(H1N1)v fait le tour de la planète. Amérique du Sud, Amérique du Nord, Australie, Europe, Eurasie, Chine... Et pendant ce temps, un continent entier est presque sans voix. Que se passe-t-il en Afrique ? Ces pays tropicaux seraient-ils indemnes de la vague pandémique en raison d’un climat protecteur ? Selon deux médecins européens qui publient leur point de vue dans «PLoS Medicine», il semble que la grippe A(H1N1)v n’épargne pas le continent africain, même si la prévalence exacte n’est pas connue. Plusieurs raisons se combineraient pour expliquer ce mutisme : des réseaux de surveillance épidémiologique quasi inexistants et un diagnostic plus difficile encore que dans les pays occidentalisés. Des réseaux de surveillance quasi-absents. La parasitologue néerlandaise Maria Yazdanbakhsh et l’infectiologue allemand Peter Kremser expliquent que la propagation de la grippe saisonnière était décrite comme négligeable jusqu’à il y a peu de temps. Or, d’après plusieurs rapports sporadiques en Gambie, au Sénégal, au Congo, à Madagascar, au Kenya, en Côte d’Ivoire et au Gabon, la grippe semble circuler en Afrique. Dans une étude menée en Gambie, des taux extrêmement élevés d’anticorps A(H3N2) ont été mesurés chez des enfants scolarisés, tandis que l’inhibition de l’hémagglutination (H1) indiquait une circulation virale récente dans la communauté. De plus, plusieurs souches virales existaient dans la région, puisque tous les enfants présentaient des titres élevés d’anticorps anti H1N1 ainsi qu’anti influenza B, pour près de 40 % d’entre eux. En ce qui concerne la pandémie actuelle, les informations sont minces. Quelques données en provenance d’Afrique du Sud et du Kenya suggèrent néanmoins que le virus est présent sur le sol africain. D’autres priorités. L’épidémiologie n’est pas le seul obstacle que l’Afrique doit surmonter. Cliniquement, la grippe est très difficile à distinguer d’autres maladies infectieuses, comme le paludisme. Dans de nombreux pays africains, tous les enfants fébriles sont traités d’emblée par antipaludéens sans confirmation diagnostique, alors que seulement 5 % seraient atteints de la parasitose, selon une étude récente menée au Gabon. D’autres maladies fébriles ont été mises en cause, comme la grippe, la dengue, le chikungunya et les pneumococcies. Dans un pays comme la Tanzanie, où le paludime est hautement endémique, il semblerait que seuls de 10 à 40 % des enfants de moins de 5 ans fébriles soient réellement infectés par le parasite. Les pays africains étant déjà aux prises avec le VIH, la tuberculose et le paludisme, la lutte contre ces infections a pu être considérée comme un objectif de santé publique prioritaire. Selon les spécialistes en maladies infectieuses, un réseau épidémiologique rudimentaire pourrait être facilement monté avec un centre de surveillance par région d’Afrique (Nord, Sud, Est, Ouest). Les auteurs soulignent de plus que des données vaccinales spécifiques aux populations africaines, urbaines et rurales, sont nécessaires, dans la mesure où leur immunité présente des particularités dues à la fréquence des infections tropicales. › Dr IRÈNE DROGOU PLoS, volume 6, parution 12. Le Quotidien Du Médecin du 17 déc. 2009 Auteur : Philippe DA PRATO
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Mars 2011
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